Saturday, October 8, 2011

Les 7 vertus capitales de toute transition agile



Je ne sais pas ce qui m'a pris aujourd'hui. En lisant les threads sur le coaching agile, en faisant le point sur toutes les discussions sur la réorganisation agile, sur la mise en place de centre de compétence agile, sur la réingénierie de la PMO, je me suis interrogé sur mon comportement face à cela.

Une grande frustration est latente au fonds de moi lorsque j'assiste à certaines présentations où l'on distille les principes de l'agilité dans différentes domaines: les tests, la gestion de portefeuille, les UX, le développement, le support. Chaque intervenant est intéressant, mais en faisant le point, je m'aperçois que nous parlons tout le temps de la même chose en changeant simplement l'emballage. Quelle est la valeur qui se dégage de cela? Pfff... No sé

Bientôt l'Agile Tour avec ses flots de sessions. Je vais participer, je vais écouter, je vais partager, et je vais revenir avec cette lancinante question: qu'ai-je vraiment appris aujourd'hui?

Une de mes forces est la communication et l’intérêt que je porte sur l’avis de chaque personne que je rencontre. Cette force est également ma plus grande faiblesse : car en cherchant à briser les certitudes et éveiller la pensée individuelle, je fais face aux résistances et aux craintes.

Aujourd’hui, je fais ma rétrospective personnelle et je la blogue pour la figer et la partager avec vous.

Le vrai changement commence par soi et va de l’intérieur vers l’extérieur. Mon comportement en tant que coach influe sur l’environnement que je soutiens. Pour discipliner ma démarche vertueuse, il me fallait 7 vertus :

  • Chasteté: s’abstenir de toute pratique immorale et faire preuve de retenue.


  • Tempérance: ou sobriété. Une transition se doit d’être sobre : « just enough, just in time », juste ce qu’il faut, juste à temps.


  • Prodigalité: donner sans compter. Dans un projet de transformation, toute retenue peut affecter la nécessité de transparence. Le « bon coach » se doit de se dévouer sans compter à son projet, ses clients, ses collègues, son entourage, sa communauté.


  • Charité : faire le bien du prochain. Une transition est un changement vers le meilleur et pas un combat ni une négociation. Le coach ou le Transition Manager est un résolveur de petit maux : il aide les individus et l’organisation sur ce chemin : on dit qu’il accompagne le « Petit Poucet » sur le chemin du retour.


  • Modestie : faire passer les autres, le projet avant soi.


  • Courage : capacité à surmonter la peur face aux dangers .S’engager.


  • Humilité : la mise en avant de son ego est un frein à la transition. Comment une seule personne peut-elle avoir la connaissance d’un ensemble sans impliquer cet ensemble ? Un projet de transition est une action collective dont les lauriers sont partagés.


Et je me dis que la route va longue...

Et je me remémore ma ligne de conduite:

Les règles du conseil
  • Accentuer le positif
  • Ne pas insister sur le négatif
  • Toujours proposer des actions faisables et utiles

Mon process de conseiller
  • Dans quelle mesure mon client me connaît?
  • Dans quelle mesure suis-je engagé à aider et protéger mon client de toute nuisance?
  • Ai-je accepté le rôle que je vais jouer pour aider mon client?
  • Dois-je donner une performance en solo?
  • Ai-je fait un processus de conseil clair aux yeux de mon client, et ai-je fait face à ses problèmes de façon constructive?
  • Mon avis est-il sans impuretés de déloyauté et d'incurie?
  • Ai-je donné à mon client une idée de comment la relation de conseiller prendra fin?

Mes règles de rapports
  • Les faire le plus court possible.
  • Mettre l’objectif du rapport en premier.
  • Aller directement au vif du sujet. Ne pas philosopher.
  • Utiliser des titres et sous-titres pour structurer le document.
  • Toujours utiliser le présent.
  • Ne jamais répéter une information connue par le client tout au long du message.





2 comments:

  1. Merci Pierre de cette rétrospective honnête et stimulante. Elle m'a invité à faire ma propre rétrospective, que je partage à mon tour à l asuite de ton article.

    En suivant ton exemple, si j'avais eu à énoncer une liste des 7 vertus du coach agile, voici quelle elle aurait été.

    - Intégrité : respecter ses propres valeurs et ne pas formuler de préconisations, ne pas cautionner de pratiques fondamentalement contraires à ses valeurs. Par exemple, l'intégrité exclut la complaisance.

    - Parole impeccable : (au sens des 4 accords toltèques) ne rien dire qui pourrait blesser inutilement, ne rien dire qu'on pourrait regretter. La parole impeccable est fondamentalement différente de l'hypocrisie : une parole peut être à la fois impeccable et intègre.

    - Bienveillance : accepter les autres (les clients, les développeurs, le business) comme ils sont et les aimer avec leurs défauts. Ne pas leur reprocher leurs comportements, simplement les aider à progresser. On pourrait sans doute parler ici d'empathie ou d'humanité.

    - Courage : s'engager, comme tu l'écris très justement.

    - Perspicacité : savoir voir au-delà de ce qui est montré.

    - Agilité intellectuelle : explorer, expérimenter, n'être prisonnier ni des idées reçues, ni des dogmes. Favoriser, mettre au point des solutions innovantes et sensées. Se remettre en question fréquemment.

    - Mesure : savoir jusqu'où aller. Ne pas faire le bien des gens malgré eux.

    La route est exigeante...

    Cette liste de vertus est à la fois différente de la tienne et semblable. Des sensibilités différentes pour vivre une réalité similaire.


    J'ajouterais aussi à ta liste des règles de conseil, cette règle supplémentaire :
    - Appliquer le principe du reliquat non résolu.

    Le principe du reliquat non résolu est un principe fondamental et terriblement efficace de la pratique de l'hypnose ericksonnienne : laisser le patient/élève/client finir de résoudre lui-même le problème pour lequel vous l'aidez.


    Pour revenir à l'introduction de ton article, je trouve en effet qu'il est rare que nos échanges entre agilistes touchent aux fondements de nos pratiques. On est souvent dans une espèce de propagande soft, entre gens déjà convaincus. Les questions de fond sont difficiles à aborder ; elles exigent à la fois disponibilité, candeur, courage et honnêteté. Comment faire émerger, aux cours des rencontres entre agilistes, des moments de vérité ?

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  2. Bruno, je suis impressionné et à la fois touché.

    Ton approche est très intéressante.

    L'approche du reliquat non-résolu (je ne connaissais pas!) existe dans ma démarche d'une manière différente: le coach ou conseiller n'apporte pas nécessairement de réponses. Son rôle consiste à poser les "bonnes" questions et, parfois, d'expliquer les conséquences inhérentes aux solutions abordées.

    Concernant le point de vue de notre communauté (donc nous aussi)sur la redondance de nos discussions, je me permets d'ajouter une couche:
    - Dr Peter Kruse (apôtre du Changement) indique d'il ne faut pas surcharger l'information mais ce concentrer sur l'essentiel: toute information doit être nouvelle ou ne pas être....
    - "eat your own stuff": vendre ce que l'on mange, manger de l'agilité c'est avoir digéré les connaissances et transmettre une amélioration.

    J'ai poussé le bouchon à expérimenter l'agilité dans l'éducation, l'enseignement, dans l'industrie, les centres de recherches... en fait souvent en-dehors du développement logiciel.

    Encore quelques lignes que je fige dans le marbre du web pour m'obliger à les tenir...

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